N. Gex u.a.: La Fondation Hardt

Titel
La Fondation Hardt.


Autor(en)
Gex, Nicolas; Le Deschault de Monredon, Térence; Ducrey, Pierre;
Erschienen
Vandoœuvres 2016: La Fondation Hardt
Anzahl Seiten
199 S.
von
Justin Favrod

Il existe des permanences un peu mystrieuses, des institutions qui semblent toujours menaces et dont l’existence même paraît peu croyable. Et pourtant, elles ne se contentent pas de vivre. Elles durent. L’ouvrage de Nicolas Gex sur la Fondation Hardt raconte une de ces histoires invraisemblables et pourtant vraies. Depuis 1950, une maison de maître située à Vandoeuvres, près de Genève, assure l’étude et la promotion de l’Antiquité classique. Elle abrite une belle bibliothèque, reçoit de jeunes spécialistes qui y passent des séjours studieux, organise chaque année un colloque de haut niveau sur des sujets les plus divers et les publie avec régularité dans des ouvrages dotés de luxueuses reliures. Ce sont les Entretiens sur l’Antiquité classique. Soixante-deux volumes sont parus à ce jour. Ils servent bien souvent d’ouvrages de référence sur des sujets très pointus: Galien et la philosophie, l’organisation des spectacles dans le monde romain, cosmologies et cosmogonies dans la littérature antique…

Nicolas Gex a mené des recherches très approfondies pour raconter cette aventure pleine de rebondissements. Il apporte de nombreuses réponses, mais doit parfois se contenter d’hypothèses. La principale porte sur la création même de la fondation et sur le choix  tonnant de la région de Genève ou le baron n’avait pas d’attaches. La personnalité singulière du baron Kurt von Hardt (1889-1958) ne semblait nullement le prédestiner à s’intéresser à l’Antiquité classique. Il descend d’une riche famille allemande de marchand de tissu de l’est de l’Allemagne, récemment anoblie. Sa santé fragile l’oblige à vivre dans une opulente oisiveté qu’il promène d’abord dans des sanatoriums des Grisons, puis en Toscane et au Tessin. Il se passionne pour l’art et la littérature de son temps et réunit une collection d’objets d’art sans lien avec l’Antiquit  (un chapitre du livre est d’ailleurs consacré à sa collection). Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il assiste aux Rencontres internationales de Genève. Ces discussions visant à recoller une Europe brisée par la guerre se réfèrent à l’héritage de Rome et de la Grèce comme facteur d’unité. Selon Nicolas Gex, cette thèse aurait fait germer dans la tête du baron l’idée de créer un centre de rencontre et d’étude sur l’Antiquité. Il va dès lors y consacrer son temps et sa fortune. Lorsqu’il meurt en 1958, la fondation est pleinement opérationnelle. Mais la fortune du baron avait beau être importante, elle s’avère vite insuffisante. Nicolas Gex nous raconte comment la fondation sans cesse menacée de faillite arrive à survivre grâce à la forte volonté de plusieurs spécialistes de l’Antiquité qui font partie de son comité et qui se battent pour trouver des fonds.

Au lieu de mettre la clef sous la porte comme il en fut très sérieusement question au d but des annéees 2000, la fondation se permet même des investissements importants, comme la restauration de la très belle serre qui accueille désormais les rencontres annuelles offrant la matière aux Entretiens. Cet ouvrage est donc le récit d’une série de petits miracles de la volonté qui permettent à un îlot d’érudition de survivre. Mais la fondation Hardt n’est pas seulement une oasis de savoir pointu, c’est aussi un ensemble patrimonial de première importance. L’ouvrage renferme donc un chapitre signé par Christine Amsler qui raconte l’histoire de la maison de maître et de son parc depuis leurs origines au XVIIe siècle. Le domaine fête notamment en 1846 le bapt me d’un petit garçon au destin exceptionnel, Gustave Ador. Même si une moitié du parc a été vendue lors d’une des crises financières que traversa la fondation, la préservation de ce site tient également du miracle . Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les environs immédiats ou les demeures de luxe ont grignot la verdure depuis quelques années.

Zitierweise:
Justin Favrod: Nicolas GEX: La Fondation Hardt, sous la direction de Pierre Ducrey, avec les contributions de Christine Amsler, Térence Le Deschault de Monredon, Vandoeuvres: Fondation Hardt, 2016. Zuerst erschienen in: Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 282-283.

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Zuerst veröffentlicht in

Revue historique vaudoise, tome 125, 2017, p. 282-283.

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